Quelle est ta fonction ?

Je suis productrice artistique audiovisuelle. Je m’occupe du contenu d’une émission. 

Plus précisément, sur Mask Singer, qu’est ce que cela implique ?

Ce programme a beaucoup d’étapes, c’est très riche. Le contenu est très confidentiel au début, d’ailleurs, nous sommes très peu au démarrage de chaque émission. En premier lieu il y a le casting puis la création des costumes. Les costumiers en proposent et nous également, chaque idée est bienvenue, il faut être original, fun et surprenant. Puis vient la mécanique de l’émission. Mask Singer est un format sud-coréen. Nous sommes chanceux car ils sont assez souples sur l’adaptation et nous avons la possibilité de proposer pas mal de choses.

Quelles sont les autres étapes en pré-production?

Il y a le booking des équipes, les plannings, les célébrités à caster comme évoqué précédemment et le choix des chansons. C’est un programme musical avant tout et la musique est un élément primordial. Je conseille les personnalités sur les chansons. À ce stade de fabrication, nous ne sommes qu’une poignée de personnes à connaître les talents célébrités : Hervé Hubert et Anthony Meunier (producteurs), les costumiers (uniquement un par célébrité, ils ne les connaissent pas tous), quelques personnes à la chaîne et moi.  Vient ensuite le tournage des magnétos indices et le tournage plateau. Dans le car régie je communique avec le réal, le plateau, les enquêteurs, Camille Combal et les personnalités. En postprod je suis le montage, les mixages et les prises de voix .

Quelle étape préfères-tu ? 

Ce qui me plaît c’est la diversité des tâches, j’aime la variation des activités de mon travail. Dès qu’on passe à une nouvelle étape c’est génial et j’aime la nouveauté. Le coaching vocal par exemple est aussi grisant que de voir le programme se monter. On rentre dans l’intimité des gens. Avec les masques, les célébrités ont une armure d’une certaine manière et on parvient à la briser ensemble grâce à la confiance qui s’installe entre nous. J’ai un passé de journaliste, j’aime le fait de creuser dans la personnalité des gens. L’écriture des magnétos
avec les équipes édito est aussi une phase forte, c’est amusant de mettre sur les (fausses) pistes les téléspectateurs. Également, c’est formidable de pouvoir travailler sur la mise en scène, les tableaux. C’est vraiment un programme super enrichissant et complet de par son format.

Difficile d’avoir une journée type avec tout ça !

C’est vrai. Mes journées dépendent de la phase de production dans laquelle nous sommes. Sur Mask en préparation je passe de coups de fils aux personnalités, recrutement des équipes, plannings Excel, rendez-vous avec les costumiers, rendez-vous avec les célébrités pour les choix de titres, costumes … Je rencontre aussi  les directeurs artistiques pour la mise en scène, j’ai les réunion avec la chaîne l’écriture de la mécanique … C’est vraiment très large.  Pendant la production on échange avec les auteurs, les rédacteurs en chef pour les contenus et les indices puis viennent le tournage des magnétos indices, le choix des lieux pour chaque personnalité. Sur le tournage plateau on doit vérifier les magnétos, suivre les talents accompagner et rassurer les célébrités, faire les répétitions et gérer les équipes bien-sûr. Vient ensuite la post-production, c’est une impulsion éditoriale avec les red chefs entre visionnage des segments des monteurs, lissages, visionnages avec la chaîne et modifications, nous avons un rythme soutenu. Il y a ensuite les mixage et étalonnage.  Ce sont des journées bien chargées mais jamais identiques.

Combien de temps travailles-tu sur le programme ?

Tout mis bout à bout, c’est quasiment un an de travail.

Qui sont les gens qui composent ton équipe, les postes dont tu dois t’entourer ?

Je travaille avec les auteurs,  rédacteurs en chef, journalistes, coordinateurs, ingé sons, cadreurs, monteurs, réal post-pro et la production ainsi que la chargée de post-production (Céda en l’occurrence ici). Ce sont des équipes classiques d’une émission de télévision mais il y a aussi les costumiers, la coach vocale, les directeurs musicaux et artistiques. J’ai vraiment beaucoup de chance, l’équipe que nous avons est formidable . Je peux choisir les gens avec lesquels je travaille, c’est un luxe fabuleux. J’aime échanger avec les équipes, ce côté grosse équipe qui travaille ensemble que nous connaissons sur les productions est vraiment agréable. Il faut pouvoir échanger des idées, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice.

Y a-t-il des invités que tu retiens plus que d’autres ?

On choisi des gens vraiment sympa et cool sur ce programme. Evidemment quand tu te retrouves avec Seal ou encore Mel B c’est pas mal du tout … Mais globalement, nous avons de chouettes invités et l’ambiance est vraiment bonne.

Quel est ton parcours ?

Je suis née en Norvège, du côté des Fjords. Mes parents avaient un ami journaliste dans une chaîne locale. J’y ai fait un stage et on m’a fait faire un sujet sur les stages scolaires et ce que faisaient les jeunes pendant leurs stages. Deux ans plus tard, ils ont créé une émission pour jeunes et m’ont proposé de bosser pour eux. Je me suis retrouvée à faire des reportages incarnés. Je suis restée une saison. J’étais dans un lycée un peu à la “Fame” avec des cours de théâtre, de danse et de musique. Forcement cela m’a donné une fibre plus artistique pour mon futur. J’arrive alors en France car ma grand-mère maternelle est française et je m’inscris à l’EFAP. J’enchaîne des stages en prod, casting, animation. Je commence le casting sauvage chez Glem, je voyageais partout en France pour l’Île de la tentation, Mon incroyable fiancé, la starac entre autres.

Qu’est ce que cela t’a appris ?

J’ai appris à foncer. J’ai aussi développé le relationnel et les liens avec les gens. On découvre l’intimité des gens et on développe un instinct qui sert toute la vie ensuite. Le casting sauvage, c’est l’observation. Comment une personne se comporte dans un groupe, comment elle marche, les gestes, tout à une signification et dit des choses sur le caractère des gens.

Qu’aurais-tu fait si tu n’avais pas travaillé en télé ?

Enfant, je voulais être auteure. J’ai rapidement fait du théâtre mais pour moi ce n’était pas un métier. La télé est arrivée rapidement.

Après le casting sauvage, qu’est ce qui t’amène au journalisme ?

J’étais chez Studio 89 en tant qu’enquêtrice. Mon but était de devenir journaliste. Nicolas Beuglet m’envoie sur un sujet sur l’histoire de James Blunt, je parviens à revenir avec un sujet différent et c’est vraiment le point de départ pour moi. Je travaille ensuite pour Combien ça coûte, La ferme célébrité, Pékin Express, Koh Lanta, Un dîner presque parfait , Baby Boom, Le meilleur pâtissier, The Voice .

Quel est ton souvenir de tournage le plus marquant ?

Il m’est arrivé un truc dingue un jour. Je tournais un Tellement Vrai sur le premier prince indien gay a faire son coming-out. J’étais alors en Inde et je logeais dans le palais du prince où, au même moment, se tournait un pilote de série Bollywood. Je croise l’équipe de tournage qui me propose un rôle dans le film. L’occasion était trop drôle et j’accepte. Je me retrouve à 4h du matin à jouer le rôle de la copine du héros avec 3 scènes à tourner avec des répliques en hindi. C’était vraiment fou !

Quelles sont les qualités d’un bon producteur artistique selon toi ?

Il faut être organisé et savoir où on va et être très bien entouré. Il faut un sens de l’artistique bien-sûr, et savoir composer avec les différents caractères des autres et comprendre les différents corps de métiers. Je dirais que c’est comme être chef d’orchestre. Tu as un objectif, une partition à jouer et une vision du résultat que tu veux obtenir. Tu connais les musiciens, leurs points faibles, leurs points forts, tu sais comment fonctionne leurs instruments même si tu ne les joues pas forcément. C’est à toi de faire appel à eux au bon moment et de les mettre en valeur pour que le résultat soit au mieux. Il faut à la fois avoir une vue d’ensemble et le sens du détail. Je suis sur un programme où il faut être espiègle.
Techniquement, connaître les ficèles du montage reste un atout. Bref, il faut être couteau- suisse. Pardessus tout… Il faut aimer les gens.

As-tu un rêve que tu souhaiterais réaliser ?

J’aurais aimé être traductrice. J’ai déjà traduit un livre et j’ai adoré. On apprend plein de choses et c’est un métier qui permet de travailler de partout. Le seul hic est la solitude. Pour moi qui adore le travail d’équipe ça risque de ne pas le faire !

Quel est ton lien avec Atlantis ?

C’est là que j’ai le plus travaillé dans ma vie. C’est ici que j’ai grandi. De Pékin à The Voice en passant par l’Addition s’il-vous-plaît, je pense que j’ai fait tous les sites ! C’est mon quotidien professionnel et amical Atlantis !