Entre sa passion pour la littérature, le journalisme, les médias et le travail d’équipe, Olivia Fabresse affectionne son travail qui nourrit son quotidien de rencontres riches et d’histoires à raconter !

Quel est ton métier ?

Mon métier est journaliste. Mon titre est rédactrice en chef adjointe sur 50 minutes Inside et Clap.

Quelle est l’organisation de ton travail ?

Je suis en charge de la supervision de plusieurs rubriques : “Planète People”, “Un jour Inside”, le “Portrait” et de l’émission Clap sur TF1 Séries Films.  Avant de passer rédactrice en chef adjointe, j’étais journaliste et essentiellement sur le portrait, cette rubrique reste mon coup de cœur.

Tu as des entretiens qui t’ont marquée plus que d’autres ?

Ce sont toujours des rencontres enrichissantes. Parmi celles qui sont sorties de l’ordinaire, il y a eu Bernadette Chirac, Jean d’Ormesson et Karl Lagerfeld. J’avais alors moins de 30 ans et je n’en menais pas large. Je me rappelle du côté à la fois cassant et drôle de Bernadette Chirac, du regard malicieux et pétillant de Jean d’Ormesson et de l’immense intelligence de Karl Lagerfeld. Il nous avait donné rendez-vous dans sa librairie derrière laquelle se trouvait son studio photo. Il avait été très bienveillant, bitchy à souhait et m’avait donné ce conseil : « si vous ne voulez pas commettre de fautes de goût : chemise blanche ou petite robe noire ». Soulagement, j’avais mis une chemise blanche.

Quelle personnalité rêverais-tu d’interviewer ?

Je pense moins à une interview qu’à un débat entre deux personnalités aux histoires, univers et idées différentes. Des personnes suffisamment intelligentes pour laisser place à la discussion et à l’échange même vif mais dans le respect de l’autre. Pour mult raisons, j’adorerais par exemple voir Fanny Ardant et Mona Chollet débattre sur l’amour, la famille, les relations hommes/femmes etc.

Quel est ton parcours ?

Je suis née et j’ai vécu à Annecy pendant 20 ans avant mon départ à Paris.cMa famille n’est cependant pas d’origine haut-savoyarde. Mère italo-basque. Père : catalan avec une pointe d’allemand. Alors pourquoi Annecy ? Mon grand-père y a terminé sa carrière de militaire en commandant le 27ème bataillon des chasseurs alpins. Tombés amoureux de la région, mes grands-parents n’en sont plus partis et mes parents ont choisi d’y faire leur vie.

Que voulais tu faire quand tu étais petite ?

J’avais plus un idée de style de vie que de métier. Je voulais faire des études littéraires à Paris. Je me voyais dans la culture parisienne, le théâtre, les librairies, les cafés…

C’est ce qui s’est passé ?

Tout à fait. J’ai fait hypokhâgne et khâgne à Annecy entre 2002 et 2004. Je suis arrivée à Paris à l’âge de 20 ans en 2004. J’étais en lettres modernes à La Sorbonne. Je cherchais ma voie. Mes études m’orientaient vers un poste de prof … J’ai commencé alors des stages au Dauphiné Libéré et à TV 8 Mont-Blanc. Ces expériences m’ont donné envie de devenir journaliste. J’ai alors fait une prépa pour passer les concours des écoles de journalisme. J’ai été prise à l’IPJ (Institut pratique de journalisme de Paris) en 2006 où je suis restée 2 ans. Je voulais faire de la presse écrite. Mais Pierre Peyronnet, alors journaliste à TF1 et responsable de la section TV à l’école, m’a dit de me former à la télévision. Plus de chance de trouver du travail.  Et c’est ce qui s’est passé. Pierre a proposé ma candidature à LCI pour mon stage de fin d’études. J’y suis restée 6 mois. C’était génial de commencer à exercer ce métier en info et sur cette chaine.

Qu’est ce que tu as apprit pendant cette expérience à LCI ?

J’étais rédactrice-commentatrice. J’ai appris la synthèse, la rapidité et la gestion du stress. Je faisais des “sujets cabines” et m’occupait du fameux bandeau déroulant. Tâche tellement stressante ! Être réactive et ne pas faire de coquille faute de quoi un prof de lettres devant sa TV peut appeler le standard ! Puis Pierre Peyronnet, devenu rédacteur en chef de 10h le mag , est venu me chercher pour faire du terrain et du magazine. Je dois beaucoup à Pierre.

C’est un tout autre style ?

Oui, j’y suis allée un peu frileuse à vrai dire. Je n’avais jamais imaginé faire autre chose que de l’info. J’ai découvert l’univers TF1 Prod en 2008. Le rythme était dur. La plupart d’entre nous était très débutants. J’ai appris sur le terrain avec le soutien des chef opérateurs et des monteurs. Ça a été une école formidable, j’ai obtenu mon CDI en juillet 2009.  Puis, j’ai basculé sur Link, la vie en face où j’ai réalisé deux 26 minutes et en août 2010 j’ai intégré l’équipe de 50’inside. Très rapidement, j’ai trouvé mon bonheur sur la rubrique du portrait en 5 dates dont j’effectuais certaines interviews en complément de Nikos Aliagas et Sandrine Quétier.

C’est un exercice que tu affectionnes particulièrement ?

J’aime le story telling, l’interview, la belle image. De 2012 à 2017 je n’ai fait que ça et en 2017 j’ai basculé Rédactrice en Chef adjointe sur la proposition de Magali Frère.

Comment est l’organisation de la rédaction ?

C’est notre 17ème saison. Magali est directrice adjointe des magazines en charge de 50’ inside. Elle supervise l’ensemble de l’émission. Nous sommes 4 adjointes : Julie Bhaud, Pauline Kieffer, Julie Robert et moi. A tous les niveaux, ces femmes sont très importantes pour moi. Toutes les 4, nous nous répartissons les 8 sujets de l’émission. Je reste assez attachée aux portraits. J’aime aussi les magnétos avec David Ordono et Jérôme Becquet. Ce sont d’autres formes de narration, plus serrées, drôles et impertinentes. C’est très complémentaire au portrait qui est un exercice bien plus posé.

Qu’en est-il de Clap ?

C’est le plaisir d’une émission culturelle dans le groupe TF1 avec une ligne éditoriale plus large qu’Inside.

Quelle est ta semaine type ?

Lundi, c’est la conférence de rédaction, l’attribution des sujets, le point sur l’émission passée et celles à venir. Mardi et mercredi, c’est le suivi des équipes, j’essaie d’aller le plus possible sur les tournages des portraits. Jeudi, c’est le jour de l’enregistrement de l’émission avec les plateaux d’Inside et parfois Clap. Et vendredi c’est le Big Day : bouclage de l’émission. Mon rythme est calé en fonction de la sortie des sujets, quand les journalistes sont prêts. En fonction de l’urgence, tout peut se bousculer bien-sûr. Un décès princier, la mort de Michael Jackson… ce sont des sujets urgents, à chaud, qui donnent du sens à notre métier.

Qu’est ce que tu préfères dans tout ça?

La fabrication. J’adore le montage. C’est fascinant et ludique. Tu pars d’une timeline vierge et tu construis. C’est génial. J’aime voir comment tout se façonne en image, en musique et j’aime l’écriture évidemment.

Tu fais quoi à côté de ton travail ? Quelles sont tes passions ?

Je suis une littéraire alors les livres sont essentiels pour moi. En ce moment, je suis en plein challenge … Je me suis plongée dans « A recherche du temps perdu ». J’arrive au bout. C’est une lecture exigeante et difficile mais éclairante. Proust dissèque l’âme humaine comme aucun autre écrivain. Je vais au cinéma également. Mes goûts sont éclectiques. Adolescente, j’ai voué un culte à François Truffaut (certes, j’étais un peu perchée). Mes derniers coûts de cœur. « L’innocent » de Louis Garrel et surtout « Babylon » de Damien Chazelle que j’ai vu en projo presse. C’est sous embargo. Je peux juste dire que c’est DINGUE !!!

Tu te vois où dans 10 ans ?

J’aimerais garder le désir et l’enthousiasme et ne pas tomber dans la routine, les habitudes et le cynisme. J’aime l’idée de continuer de raconter des histoires.

Tu passes beaucoup de temps à Atlantis ?

Ah oui ! J’ai connu le boulevard de la république avec les fauteuils club, le billard et surtout Régis ! Atlantis pour moi c’est surtout la nuit. Les nuits de bouclage le vendredi. Un tour à la Paillote, la commande de sushis et cette faille spatio-temporelle dans laquelle tu tombes entre 21h et 01h du matin. C’est l’heure où tu « fissures » un peu, ça danse, ça part en karaoké, tu mets trois plombes à faire une trad au mix mais c’est génial en quelque sorte. Nous faisons des métiers d’équipe et les liens sont essentiels. C’est vraiment une deuxième maison Atlantis.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer en télé ?

Je lui dirais de se montrer le plus créatif possible. La télé est à un tournant. Il y a des choses à prouver et à créer pour de belles années à venir.