Comment décrirais-tu ton métier ?

Je fabrique des émissions de télévision. Avant je n’étais qu’en tournage, je suis passée de journaliste à rédactrice en chef. À l’arrivée de ma fille je me mets à la post-production pour des questions d’organisation. 

Que préfères-tu ?

Ce qui me plaît dans mon métier c’est de raconter des histoires. En post-production nous récupérons les images pour créer une histoire, construire une narration. On peut raconter les choses de milles façons, c’est passionnant. C’est un peu comme avec mes livres. J’aime bien la page blanche qu’il faut remplir.

Quel est ton parcours ?

Je suis originaire de la région bordelaise. Mon rêve de gamine était de travailler à TF1, alors, quand j’arrive à Paris à 25 ans, j’ai honte mais c’est vrai, il m’arrivait de prendre le RER C juste pour passer devant la fameuse tour ! Je m’y projetais. La loi de l’attraction quoi !  Je voulais être journaliste, écrire. J’ai d’abord travaillé en communication, un peu dans l’édition, dans l’évènementiel au carrousel du
Louvre. Puis, une société d’intérim dans laquelle j’étais, m’a un jour proposé une mission chez LCI. Il fallait gérer les besoins des journalistes sur le terrain les week-ends. Cette mission allait changer ma vie.

Ton rêve se réalise ! 

Complètement ! Je me retrouve dans les locaux de LCI, de TF1 ! C’était formidable pour moi. J’ai été ensuite rappelée plusieurs fois pour des missions. Au fond de moi je rêvais de travailler sur les plateaux de télé. Et là j’ai encore une bonne étoile, au bout de quelques
mois, on me propose un CDI à la Direction de l’Antenne à la conformité des programmes. Je travaille alors avec Olivia Assas. C’est le début d’une aventure humaine formidable. Je rencontre une équipe géniale. On a tout vécu ensemble. Les mariages, les séparations, les
naissances, les anniversaires… tout… Avec Olivia, Thomas Courcelle, Emmanuelle Silloray, Marianne Lecomte ou encore Sophie Eprinchard nous avons une belle amitié de plus de 20 ans aujourd’hui grâce à TF1.

En quoi consistait ton poste ?

Au début j’assistais l’équipe. Puis petit à petit, j’ai commencé à participer aux visionnages des émissions, puis à me rendre sur les tournages. Mon parcours se poursuit avec le poste de chargée d’études et je m’occupais essentiellement de la tv réalité. À
l’époque c’est La Ferme célébrités, Secret Story… mon rêve d’être sur les plateaux de tournage devient réalité. J’étais jeune, c’était une belle évolution. Je reste 5 ans à ce poste et la production commence à me faire envie. Les RH de TF1 me soutiennent et me permettent de
suivre une formation de journalisme à l’ESJ. Je pars alors de TF1 pendant 9 mois et j’apprends énormément : la caméra, présenter un JT, écrire des comms, réaliser des duplex devant et derrière la caméra. Je reviens ensuite 2 ans à mon poste, puis je quitte TF1 : il fallait que je prenne des risques et que je passe de l’autre côté. C’était plus fort que moi, je devais essayer.

Tu commences rapidement ?

Je quitte TF1 en Décembre et en Janvier je me retrouve à réaliser des sujets dans 100% Mag et j’enchaîne avec Un Dîner Presque Parfait, Bienvenue chez nous, l’Addition s’il vous-plait ! Qui sera le prochain grand pâtissier? Je m’éclate, je me retrouve rapidement à ma place et je suis super heureuse.

Vient ensuite la post-production ?

Je commence la post-production avec Bienvenue chez nous, Les Princes de l’amour, 10
couples parfait, le Bachelor, The Voice, Ninja Warrior, Les Princes de l’amour et les Anges. Je me plaît beaucoup en post-production. 

Quels sont les programmes sur lesquels tu préfères travailler ?

J’adore les émissions de plateau à grand spectacle. J’ai la chance (encore) que Marie- Christelle Oglaend m’ait entraînée avec elle sur The Voice pendant 2 ans, puis Mask Singer depuis la saison 1. Mask Singer doit être rythmé par le plateau, l’humour de Camille Combal, les belles prestations, les enquêteurs. J’adore, c’est passionnant..

Comment gères tu la vie de maman et le travail ?

À partir du moment où j’ai eu ma fille, j’ai dû adapter mon organisation… Heureusement je suis très organisée dans le boulot. En tant qu’intermittent tu ne peux pas déborder. Tes missions vont de telle date à telle date, et quand tu as un visionnage avec la chaine, il faut que ton émission soit prête quoi qu’il arrive. Un jour de perdu en post-production ça peut être compliqué. Que ta fille soit malade, qu’il y ait grève ou une maitresse absente, il faut que l’émission sorte. Mon conjoint est producteur, nous nous organisons. Mais disons que ma fille a beaucoup de nounous. On en a 3 qui se relaient chaque semaine mais elle a l’habitude. Avec un enfant, il faut organiser son travail différemment, fini le temps où on est libre comme l’air et sans contraintes, ça c’est clair !

C’est plus difficile pour les femmes ?

Quand j’en discute avec d’autres mamans intermittentes j’ai l’impression que oui. C’est un sacré équilibre à trouver. Plus facile aussi quand les enfants grandissent. On est toujours mises en priorité de la gestion familiale.

Vous arrivez à couper du travail une fois la porte de la maison fermée avec ton mari ? 

Oui. Nous parlons peu de nos missions respectives. Nous évoquons parfois le casting de certaines émissions mais c’est vraiment occasionnel. J’apprends même souvent les équipes qu’il a booké par d’autres 😉 En tout cas, ce qui est sûr, c’est que nous partageons la même passion pour l’audiovisuel. J’adore ce milieu et l’ambiance mais une fois chez nous, on est en famille et on change de sujet. C’est ma fille qui monopolise la conversation souvent à table 😉 Elle pour le coup elle est super curieuse de savoir ce qu’on fait.

Tu as une belle activité d’écriture à côté de tout ça. Tu nous racontes ?

Pendant le confinement, un peu comme tout le monde je crois, je me suis posé la question de ce que je rêvais vraiment de faire et que je n’avais jamais eu le temps de concrétiser. Je me suis arrêté quasi un an après le confinement. J’ai eu la chance de pouvoir prendre mon
temps pour ma fille et pour ces deux livres que j’avais en tête. Il fallait que j’écrive. Je me suis astreinte à un vrai rythme de travail d’écriture et j’ai envoyé les épreuves partout, sans illustration. Je ne m’y connaissais pas du tout. Après un coup de fil d’une maison
d’édition et un entretien en zoom, je me retrouve avec la parution de mes deux livres. Roger sans coquille  est déjà sorti, et fin Avril sort mon prochain ! Ça aussi c’était un rêve. J’avais très envie de laisser quelque chose de concret à ma fille.

Comment cette envie est née cette envie?

Ma passion pour les livres d’enfants et les illustrations a grandi avec l’arrivée de ma fille et les lectures quotidiennes avec elle. Mon expérience télé m’a beaucoup aidée. Je me suis vraiment amusé en faisant ça. C’est une liberté que j’ai adoré. Mes livres sont porteurs de messages, c’est important pour moi.  Le premier parle de différence et le deuxième sera sur la transmission et les obligations familiales, mais avec légèreté et humour… c’est ma façon d’écrire et de raconter les histoires.

Je constate que beaucoup de femmes ont une double casquette passé 40 ans, comme l’envie de se développer personnellement ?

Je pense qu’il ne faut pas oublier tous ses rêves. Ne pas oublier l’écriture pour moi. Et cette histoire de confinement a fait que beaucoup de personnes se sont demandées si elles étaient à la bonne place. Aujourd’hui j’ai fait tout ce que j’ai toujours kiffé dans la vie.  J’avais besoin de montrer à ma fille qu’on peut faire ce qu’on veut, ou au moins essayer. Ne rien regretter quoi !!

Il te reste un rêve à accomplir ?

Ah… J’aimerais bien sortir un roman, un premier roman. J’ai écrit les ¾, on verra où ça me mène.

Tu passes beaucoup de temps chez Atlantis, quel est ton lien avec le site ?

C’est un quart de ma vie Atlantis ! Ici j’y passe mes journées pendant des mois. De la salle de montage aux apéros à la Paillote, c’est la famille Atlantis. C’est un lieu rassurant, on connait les locaux par coeur, on rencontre toujours quelqu’un… Je côtoie des gens qui font
mon quotidien depuis des années.

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans la télé ?

C’est bateau à dire mais c’est d’y croire et d’oser demander des contacts, oser appeler les gens, envoyer des mails même si c’est le début et qu’on a un CV de 3 lignes. Il faut bien commencer ! Mais surtout de s’écouter soi. Les autres parlent avec leurs peurs. Si j’avais écouté les autres je ne serai jamais venu à Paris du jour au lendemain sans aucun réseau en tv. Aussi, je n’aurai jamais espéré signer un CDI à TF1, je n’aurai jamais envoyé mes livres aux éditeurs… Donc, juste écouter sa voix intérieure c’est déjà énorme !