Nous pourrions passer des heures à écouter Jacques Pradel conter des histoires avec le ton de narrateur qui le caractérise. Ce curieux de nature nous parle de son parcours, son actualité avec l’émission Chroniques Criminelles et partage également avec nous ses projets.

Quel est votre métier ?

Je suis un curieux ! Voilà la façon dont je me décrirais et dont je décrirais mon travail. C’est vraiment ce qui ressort le plus de notre activité. Et puis, j’aime raconter, c’est important. 

Quel est votre parcours ?

Après avoir passé mon bac en 1968 (sourires…), j’ai fait Sciences Politiques pendant 2 ans. J’étais plutôt destiné à une carrière dans le service public, pour être sous-préfet par exemple. J’étais au lycée Condorcet et, à mon époque il y avait  un réseau artistique intéressant dans ce lycée. J’y ai rencontré Jean-Jacques Beinex ou Marc Jolivet par exemple. J’aurais voulu être comédien alors j’étais dans une troupe de théâtre. C’est là que je les ai côtoyé.  Venant d’une famille plutôt traditionnelle (mon père était médecin de quartier et ma mère pharmacienne) et étant assez “docile” avec mes parents, j’ai suivi un cursus dit “classique”. 

Qu’est ce qui vous a mené à la radio ?

J’étais en fac de droit et nous nous passions les bonnes adresses pour les stages et petits boulots entre étudiants. C’est ainsi que j’ai commencé comme téléphoniste chez Europe 1. J’y ai fait pas mal de métiers : de veilleur de nuit au tri des dépêches. Je ne voulais pas spécialement faire de la radio mais sur place j’ai rencontré Michel Lancelot (animateur de l’émission Campus) et nous sommes devenu amis. Il était comme mon grand frère et m’a pris sous son aile, partageant avec moi sa passion pour son métier. Je suis resté au poste de téléphoniste pendant 3 ans à cette époque.

À quel moment passez-vous derrière le micro ?

À ce moment là, ma fiancée était comédienne. Je l’attendais régulièrement à la sortie du théâtre dans le bistro d’en face en lisant le Monde comme tout bon étudiant en Sciences Politiques. Un jour, le directeur du studio dans lequel elle travaillait nous aborde et nous propose de faire une maquette radio. Quelques mois plus tard il me rappelle et j’apprends avec étonnement qu’il souhaite m’engager pour sa radio qui est basée au Pays-Bas. Me voilà alors parti en Hollande pour 3 ans. J’y ai fait beaucoup de programmes différents et en rentrant en France, France Inter me propose un poste de correspondant là-bas pour le tout premier magazine culturel européen. Ça a duré un certain temps et évidemment en rentrant je me suis tourné vers France Inter qui était la seule radio que je connaissais et j’y suis resté… 18 ans.

Comment est venue la télé ?

Chez France Inter il n’y avait pas de barrière entre les fonctions donc je faisais les sujets d’actualité, la personnalité du jour … Pendant ma période de matinale, Yvan Levaï me propose de faire le “chef de gare”. C’est à dire tout ce qui est météo, traffic etc… Je refuse et je lui dis que je ne resterais pas à moins qu’on me propose quelque chose de différent. Il avait créé un magazine radio qui parlait de la télé. C’était le tout premier dans le genre. Ce fût ma première grande émission de radio. Parmi mes invités récurrents il y avait Pascale Breugnot. Un jour elle m’appelle (à nouveau la chance) et elle me propose de refaire de la télé après une rapide expérience sur la 2. Elle me dit :”J’ai un truc : Perdu de vue, pour lequel l’animateur me file entre les pattes.” Elle avait la case mais pas l’animateur ! Nous avons fait 3 mois en seconde partie de soirée et rapidement sommes arrivés en prime time. La suite c’est : L’amour en danger, Témoin numéro 1, l’Odyssée de l’étrange (avec la fameuse histoire Roswell). J’étais tout le temps à l’antenne.

C’était une vraie nouveauté ce genre d’émission où l’on faisait appel aux téléspectateurs ?

C’était une véritable émission de service public. Ça a duré 6, 7 ans. Après cette période, je suis reparti chez Europe 1 et Murielle Hess, alors directrice adjointe des programmes, m’a proposé de l’aider à monter un magazine radio autour du crime et c’est devenu : Café/Crime. Ensuite est venu RTL où je suis resté pendant 10 ans. 

Et il y a également Chroniques Criminelles ?

Il y a 3 ans j’ai été appelé par Matthias Favron (en charge des magazines d’info et des documentaires chez TF1) , qui me dit qu’ils ont envie pour ce programme de créer une unité à travers la notion de conte. J’ai accepté tout de suite et j’adhère totalement à leur manière de faire, c’est une équipe formidable. Pendant le confinement nous avons enregistré des podcasts et nous continuons toujours aujourd’hui. 

Quel est le pouvoir de la voix ?

La voix véhicule des histoires. Ma voix me ramène au métier de comédien. J’adore raconter. C’est un plaisir. 

Comment s’organisent les enregistrements  ?

C’est Cécile Vittrant qui dirige les enregistrements. Je découvre l’histoire 2/3 jours avant d’entrer en Studio. Je lis cette dernière et il peut arriver que je propose d’éventuels ajustements. Ce qui est top c’est que nous nous connaissons bien aujourd’hui avec les équipes et les journalistes ont chopé mon ton, c’est quasiment du sur-mesure. C’est une aventure qui est formidable.

Quelle est votre journée type à Atlantis ?

En général, je commence par un café/ croissant à l’étage du mixage. Ensuite, je rencontre le mixeur. Ce sont des relations amicales aujourd’hui. Chez Atlantis il y a vraiment une notion de bonheur professionnel. Tous les gens sont bons et attachés à ce que tout se déroule dans les meilleures conditions possibles. Il faut que les journées soient efficaces, pas de place pour la détente. Je suis assez rapide.  Les prises de son sont souvent bonnes. Je repars chez moi ensuite, en Corse.

Que faites vous en Corse ?

J’écris beaucoup. Je me lance d’ailleurs dans une aventure qui va naître en Octobre 2020 avec une collection qui va s’appeler Jacques Pradel. C’est une collection des témoignages de ceux qui font les histoires. Des acteurs de crimes aux journalistes qui les couvres, l’idée est de recueillir les faits de leur point de vue. C’est une collection autour du making of de ces faits divers.

Quelle est pour vous la plus grande affaire ?

Pour moi il y en a deux. Tout d’abord, Grégory. C’est une affaire qui me touche particulièrement. Et ensuite, l’affaire Zawadski, dans laquelle un militaire de carrière est empoisonné par sa femme avec l’aide de son amant médecin. 

Qu’est ce qui vous fascine dans tout ça ?

Les criminels ne sont pas des monstres. Ce sont des humains dans des histoires humaines.