Eric Pierrot, un fabriquant au service des téléspectateurs.

Comment décris-tu ton métier ?

Je suis un fabricant. Ce terme est très important pour moi. Mon travail consiste à fabriquer des documentaires et magazines pour toutes les chaînes. Je les propose, puis les fabrique.

Tu as toujours voulu faire ce métier ?

J’ai toujours voulu être journaliste. Je suis un passionné de l’information et des médias. À 23 ans je suis devenu journaliste. J’ai fait une maîtrise de droit public puis un DEA en sociologie et politique pour enfin terminer mes études par l’IFP (institut français de presse). J’ai eu la chance de pouvoir me mettre tôt au travail.

Quelles sont tes premières expériences en tant que journaliste ?

J’ai commencé au service politique d’un journal et j’avais envie d’évolution au bout de quelques années.. J’ai été pris à la rédaction nationale de France 3 pour le Soir 3 puis pour le 19/20. J’étais alors toujours au service politique. J’avais une réelle envie de passer au magazine. Sur France 3, à l’époque (dans les années 80/90), il y avait Thalassa ou Faut pas rêver. J’étais plus attiré par du Capital ou du Envoyé Spécial qui correspondaient plus à mes affinités journalistiques. En 1990, j’ai donc décidé de quitter France 3 pour tenter ma chance dans le magazine.

Tu deviens freelance ?

Je deviens pigiste. Je travaille beaucoup pour Capa, Point du Jour et Tony Comiti pendant 10 ans. Ensuite, je suis arrivé chez VM où j’ai rencontré Anne (Simounet). On m’a proposé ensuite quelques postes de rédacteur en chef mais c’est Tony Comiti qui m’a convaincu et je suis resté à ses côtés pendant 6 ans. Tony est un super producteur, c’était un plaisir de travailler avec lui. Nous faisions beaucoup de “Droit de savoir” et de “Zone interdite“. Je suis parti fin 2006. C’était un risque car j’avais un beau poste de rédacteur en chef et que le travail avec Tony me plaisait beaucoup. C’était le moment pour moi dans ma vie de tenter autre chose je pense. Du coup, je suis rentré chez moi et j’ai attendu que le téléphone sonne (rires). Et là, Anne (Simounet) m’appelle et me dit qu’elle travaille pour E=M6 avec Mac Lesggy. Elle me propose de les rejoindre pour monter ma propre structure de docs à leurs côtés.

Quelle étape cela représente de devenir producteur ?

En fait je garde le même fond, c’est la forme qui change. Je deviens producteur. On me fait confiance car je suis un bon fabricant… le travail de vendeur est différent, ce n’est pas là que je suis le meilleur mais j’ai l’instinct et l’envie de travailler pour l’audience, pour le téléspectateur.

Le chiffres sont importants ?

Je travaille pour les téléspectateurs. Je suis très fier quand nous faisons de bons chiffres. C’est important de l’être. Les gens passent un bon moment et ce sont les chiffres qui le montrent.

Quels types de documentaires produisez-vous chez Pallas ?

Il y a pas mal de sujet type “Flic Story” mais pas que… Les sujets de ce type permettent d’emmener le téléspectateur là où il ne peut pas aller. Nous apprenons beaucoup en faisant ces docs. Aujourd’hui, j’ai tourné la page des sujets politiques. Ma passion reste tout ce qui est économique et social. Je puise l’inspiration des sujets dans tout ce que je lis.

Comment s’organise ta journée de travail ?

Avant d’arriver au bureau je lis la presse. J’y consacre au moins deux heures. J’arrive le matin en vélo, c’est un plaisir. C’est important pour moi d’être en forme physiquement et intellectuellement. Chaque été, nous essayons d’organiser entre collègues des sorties dans des cols des Alpes. J’ai également la passion du cinéma et des séries. C’est une véritable culture de l’image.

Avec l’émergence de la presse digitale, tu restes quand même au format papier ?

Oui. Je ne suis pas très réseaux etc… Nous avons une page Facebook Pallas évidemment mais ce n’est pas moi qui la gère.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

Journaliste. J’ai toujours voulu faire ce métier et c’est une chance de pouvoir l’exercer aujourd’hui.

Dans ton bureau, tu as cette citation : “Seul le succès est permis” , c’est la seule issue du chemin professionnel ?

Je suis pour la performance. Je n’ai pas honte de mon succès et je suis content du succès des autres. Je me relève vite. Ce qui compte c’est le chemin qui est devant nous, pas celui qui est derrière.

Qui sont les gens qui t’entourent professionnellement?

Je travaille en collaboration avec Thierry Hornet , Emmanuelle Lafortune et Marine Séhan. Nous connaissons bien les cases pour lesquelles nous travaillons. Nous réfléchissons dans ce sens. 80% des documentaires que nous produisons sont des propositions. Il faut toujours être en éveil, sur la brèche et ne jamais se reposer sur ses lauriers.

Quel est le documentaire dont tu es le plus fier ?

Je suis assez fier des films que nous avons produits. Il y a ceux réalisés par Thierry Gaytan, par exemple : La route de la Cocaïne pour Complément d’enquête. L’idée était de suivre la route côté trafiquant. Ce sont des tournages risqués.

Pars-tu sur les tournages ?

J’y vais parfois pour préparer mais cela reste rare. Je suis parti par exemple sur notre tournage Puy du Fou. C’était une nouvelle forme pour nous avec une immersion de personnalités dans le parc. C’était un plaisir d’être sur ce tournage.

Tu n’as jamais voulu réaliser ?

J’ai réalisé des centaines de documentaires quand j’étais journaliste. Mais aujourd’hui ce n’est plus mon métier. Je pense que cela pénaliserait Pallas. Je serais inquiet de ne pas être au bureau. Mon travail consiste à faire en sorte que tout se passe bien pour la société. Qu’elle soit dans les meilleures conditions possibles. Anne (Simounet) s’occupe du financier et moi de la partie édito. C’est bien que les fonctions soit séparées, elle est mon garde-fou. Il y a une véritable cohésion entre nos entités (Pallas, Link et Java). Roch (Bozinot) avec Java, lui, distribue mes documentaires. Il faut qu’un film puisse voyager, avoir son histoire.

Quel est ton lien avec Atlantis ?

Nous sommes très bien à Atlantis. Les gens sont sympas, le matériel est top. Tout est relatif ici, même terminer tard n’est plus une galère.

Que conseillerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans le documentaire ?

Je lui conseillerais d’être curieux et toujours en éveil !