Pour Noémie Dauga, il faut toujours croire en ses rêves. Voici le parcours d’une passionnée pour qui tout est toujours perfectible.

Comment décrirais-tu ton métier ?

Je suis rédactrice en chef. Pour moi, mon métier consiste à sublimer le cadeau qu’on m’offre. Je mets le papier autour, je rajoute du ruban… Un projet ne m’appartient jamais personnellement, il est le fruit d’un travail d’équipe et souvent, au moment où j’interviens, j’ai juste à rajouter les paillettes. Plus sérieusement, être rédactrice en chef, c’est raconter des histoires de manière percutante, trouver des angles qui vont intéresser les téléspectateurs, les faire sourire ou les émouvoir. Et sur ce point, je continue de m’améliorer tous les jours. Enfin, j’espère !
L’autre aspect qui me plait beaucoup est le travail équipe. Communiquer et échanger avec mes collègues est primordial ! Je travaille avec des amies, c’est quand même une vraie chance !

Quelle est ta formation ?

Je n’étais pas du tout dans une voie audiovisuelle au départ. J’avais toujours voulu être prof d’anglais. Jusqu’au jour où j’ai échoué au CAPES. Je me suis pris une énorme claque ! J’avais alors deux choix : m’effondrer ou essayer de trouver un projet qui m’enthousiasmerait encore plus que l’enseignement. L’audiovisuel m’a toujours plu.
C’était une passion que je gardais en option et que je n’avais jamais envisagé comme un métier. Pile à ce moment-là, une chaine locale, TV7 Bordeaux, venait de se monter et, je me suis dit que j’avais une carte à jouer pour découvrir le monde fascinant de la télé !
J’ai osé faire passer mon CV à la présentatrice vedette de la chaîne, Karine Couëdel, qui m’a acceptée pour un mois de stage à la préparation de son émission culturelle. J’ai adoré !
Pour la petite anecdote, nous ne nous sommes jamais perdues de vue et, devenue parisienne elle aussi, nous travaillons régulièrement ensemble, notamment sur les Reines du Shopping où, cette fois, c’est moi la chef !

Le monde est petit en télé ?

Effectivement ! C’est un microcosme mais c’est très dur d’y rentrer alors je pense qu’il y a une sorte de solidarité entre « connaissances » de ville d’origine. Il était un peu logique qu’avec Karine on se retrouve sur Paris et qu’on travaille pour la même émission…
D’ailleurs je travaille aussi avec une très bonne copine avec qui j’ai partagé les bancs de fac à Bordeaux. C’était marrant de se retrouver 10 après et de voir le chemin parcouru, chacune à sa manière. Elle a choisi la voie royale de l’école de journalisme parisienne, alors que moi, j’ai préféré celle de l’apprentissage sur le terrain !
Après mon mini stage à Bordeaux, j’ai déménagé à Strasbourg où mon mari a obtenu son premier poste. J’ai très vite décroché un stage pour la télé locale alsacienne : un excellent moyen de découvrir la région, sa culture et surtout d’apprendre toutes les ficelles des métiers du journalisme. Et puis, je suis passée à la pige. Je préparais, tournais, montais, et même présentais les émissions dont j’avais la charge : une sur les voyages, une autre sur la cuisine et une sur la culture et la vie nocturne, une sorte de Paris Dernière version Strasbourgeoise dont j’étais très fière.
Puis, mon mari s’est retrouvé à nouveau avec une proposition d’embauche dans une autre ville : au Mans. Et là, à 25 ans, j’ai réalisé que je n’avais plus du tout envie de repartir sur un projet en télé locale. Ces deux années à « toucher à tout » m’avaient donné suffisamment d’assurance pour tenter de réaliser mon rêve : travailler à Paris !
Mon mari a alors changé son plan de carrière et nous nous sommes installés dans la Capitale avec notre petite fille de 11 mois. Seize ans plus tard, c’est sans regret !

Comment se passe ton arrivée à Paris ?

Une bonne dose de persévérance, d’humilité et de travail sont nécessaires. Je ne connaissais absolument personne. Nous sommes arrivés en novembre et je me suis laissée l’année scolaire pour trouver du boulot. Sans aucun retour positif, j’ai pris la lourde décision de repasser par la case « stage ». J’ai contacté les deux sociétés qui produisaient mes émissions préférées : Réservoir Prod pour « Ça se discute » et KM Prod pour « Le Grand Journal ».
J’ai donc passé 3 mois à enquêter pour Ça se discute et ça a été très formateur. C’est une émission de témoignages pour laquelle il fallait avoir une empathie et un sens du contact. Seulement, je me suis rendue compte que c’était compliqué pour moi de garder la distance avec les témoins et je n’ai pas continué une fois ma période de stage passée. Par contre, j’ai rencontré des équipes formidables, des filles d’une bienveillance
incroyable, certaines avec qui je suis restée amie.
Puis KM m’a proposé un stage édito dans la foulée auprès du responsable de la chronique médias pour Le Grand Journal ! La chance de ma vie !

En quoi consistait ta mission ?

J’assistais Jean-Baptiste Bussière qui préparait les chroniques médias d’Ariane Massenet. Assez vite, il m’a délégué la supervision du montage des magnétos du soir. J’ai alors découvert les salles de montage, les stations AVID et j’ai appris à connaître la valeur d’une minute à l’antenne, la puissance des images et le choix éditorial. Cette expérience m’a clairement confortée dans mon envie de travailler dans l’édito. La rentrée
suivante, et un deuxième bébé plus tard, j’ai été embauchée pour superviser les sujets diffusés ! Et c’est ainsi que j’ai décroché mon premier contrat d’intermittente !

Il faut beaucoup de persévérance?

Oui. Il faut de la persévérance, beaucoup de travail mais c’est surtout la passion qui me guide. J’ai la chance de faire un métier que j’adore et je me sens vraiment privilégiée. D’ailleurs mes 3 enfants aussi commencent à le réaliser. Entre un papa ultra cartésien, titulaire d’un MBA et une maman formée sur le tas, ils prennent conscience que la passion est la clé de la réussite.

C’est plus difficile pour les femmes de se frayer un chemin pro?

Je ne pense pas ! En fait, tout dépend de l’investissement qu’on y met, c’est ce qui fait la différence. Je suis maman de 3 enfants, j’ai un poste à responsabilité, forcément j’ai dû faire quelques sacrifices mais je suis épanouie alors tout va bien ! A cœur vaillant, rien d’impossible !

Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton métier ?

L’idée de divertir, d’émouvoir, de faire rire, de faire rêver…j’aime particulièrement les lendemains de diffusion de Top Chef lorsqu’on me débriefe une émission. C’est toujours intéressant d’avoir un regard extérieur sur son travail ! Mais au quotidien, ce qui me plait le plus, c’est le travail d’équipe. J’ai le luxe de pouvoir choisir les gens avec lesquels je travaille et j’ai toujours voulu m’entourer de gens que j’admire. Ça me donne envie de donner le meilleur de moi-même et j’espère inciter la
même chose chez les autres. Rejoindre une postprod, c’est avoir un but commun : réaliser le plus beau programme possible et il est essentiel de le faire en bonne intelligence et surtout dans la bonne humeur.

Quelle est ta journée type ?

J’aime bien arriver tôt, histoire de planifier ma journée au calme. Puis, c’est café en compagnie de mes collègues pour faire un point de la journée et aussi se raconter nos vies. Sur les Reines du shopping, émission quotidienne, le planning des journées est quasi militaire. A chaque jour, sa mission ! Alors que sur Top Chef, le planning est plus souple, on prend le temps. Il faut fournir la même énergie mais les délais sont différents.

Comment se définissent vos rôles avec le réalisateur qui travaille avec toi sur Top Chef?

C’est un vrai travail en duo : deux regards complémentaires, deux sensibilités différentes pour une même émission qui, à la fin, doit nous plaire à tous les deux. Si je suis garante d’une cohérence éditoriale et de l’écriture des voix off, il a pour mission de sublimer le propos et les images. Et à la fin, on espère sortir des émissions au top ! Même si notre travail reste toujours améliorable 🙂 !

Et sur les Reines du Shopping?

Chaque rédactrice en chef est responsable d’une semaine de diffusion, soit 5 épisodes, 2 chefs d’édition, 6 monteurs. Je fais des réunions édito et musique en amont pour guider au maximum le montage. Une quotidienne implique un planning serré où tout doit rouler. C’est très motivant de tout faire en temps et en heure !

Quels sont tes projets ou envies pour le futur?

J’adore mon métier et j’ai tellement encore de choses à apprendre que je souhaite que cela continue le plus longtemps possible. Mais j’avoue aimer les challenges alors pourquoi pas bifurquer vers l’univers de la création au sein d’une chaîne. Cela m’intéresserait beaucoup et je serais curieuse de le découvrir.

Que conseillerais tu à un jeune qui voudrait se lancer en télé ?

Pour bosser en technique, rien ne vaut le BTS. Pour l’édito, je continue de penser que la passion est le meilleur des diplômes. Il faut croire en ses rêves, être curieux et oser saisir les opportunités. Et s’il a une jolie plume et veut devenir chef d’édition, il peut passer par une session sur le programme du dîner presque parfait (rires), ! Selon moi, ça reste la meilleure des formations ! Si on en sort vivant, on peut tout faire !