Rudy Jospin ne s’arrête jamais. Du journalisme, à la production artistique, en passant par l’écriture, Rudy a plus d’une corde à son arc.

Comment décrirais-tu ton métier ?

Pour moi il y a deux aspects primordiaux dans la direction artistique : Faire converger des talents différents au service d’une idée et faire que cette idée devienne un format.

Quel est ton parcours ?

J’ai fait des études de droit à Lille, puis j’ai bifurqué en histoire pour préparer les écoles de journalisme. À 21 ans, j’ai eu la chance de rentrer en presse quotidienne régionale. J’ai alors lâché mes études et je suis resté 3 ans en presse. La presse régionale est la meilleure école du monde.

Pourquoi ?

Tu passes de faits divers à des sujets quotidiens. C’est un univers tellement riche.

Qu’est ce qui te plaisait le plus ?

L’écriture et la proximité avec les gens. Les gens venaient à la rédaction pour nous féliciter ou nous engueuler d’ailleurs. C’est du journalisme de proximité. J’ai ensuite passé le concours de l’INA pour avoir une formation JRI. La formation durait 3 mois, j’ai eu l’impression d’être à un stage commando intense. J’ai ensuite commencé à France 3 Ile de France et j’ai rapidement frappé à la porte de TF1 où j’ai rejoint la rédaction des journaux télévisés.

Tu couvrais un type de sujet en particulier ?

Pas vraiment, j’étais sur ce qu’on appelle de la “Hot News”. On passe d’un sujet à un autre, de la politique à Johnny Hallyday. Parallèlement à cela je travaillais aussi pour le magazine Exclusif pour lequel je faisais quelques sujets. J’avais envie de me diversifier. C’est la plus grande qualité du journalisme pour moi : la curiosité. Il faut savoir explorer différents domaines et aspects.

C’est une forme d’écriture différente le magazine en plus ?

C’était très enrichissant et il y avait un côté fun. J’ai rencontré des personnalités du monde artistique, culturel et sportif que je n’aurais pas eu l’occasion de croiser sans cette émission. Comme j’étais JRI, j’étais régulièrement envoyé à l’international en plus.

Quel a été le moment ou la rencontre la plus marquante pour toi ?

À Cannes, en 2001, je suivais un cortège de voiture en scooter avec ma sacoche caméra, habillé en smoking, bref “very Cannes”. Sans faire exprès les gendarmes m’on laissé passer derrière la limousine que je suivais qui n’était autre que celle de Catherine Deneuve. Je me suis donc retrouvé aux pieds des marches du Palais des Festivals avec Catherine Deneuve, les journalistes, mon scooter … et surtout rien à faire à cet endroit ! J’ai dû traverser la foule avec mon scooter … Ce sont des moments qui font vraiment le sel de ce métier … Il peut se passer n’importe quoi. Je suis resté chez Exclusif en tant que journaliste jusqu’à l’arrêt de l’émission qui correspondant avec l’arrivée du Loft. À cette époque j’ai été amené à travailler sur beaucoup de divertissements. C’étaient les années folles de la télévision.

Tu as enchaîné sur beaucoup de programmes de télé-réalité ?

J’ai bossé sur tous les formats de télé-réalité. De la première Star Academy à la Nouvelle Star. J’ai eu des postes variés : journaliste, rédacteur en chef, chef de projet artistique. J’ai travaillé sur des formats internationaux existants mais aussi sur de la création de format comme la version française de 4 mariages pour une lune de miel ou les Touristes avec Arthur, dont j’ai charté le storytelling.

C’est quoi un bon format pour toi ?

En fait, beaucoup de programmes partent d’une idée, pas d’un concept. On tourne énormément et au retour de ces tournages il faut créer un format. Ce que j’aime moi c’est poser les bases dès le début. Construire au fur et à mesure ce format. C’est fascinant de voir une pensée de l’esprit se concrétiser. Voir la création originale prendre corps est grisant.

Comment fais-tu ? Quel est le process ?

Il faut se nourrir de ses expériences. Par exemple, après la télé réalité, j’ai fait pas mal de scripted reality (pour France Télévisions notamment), j’y ai appris l’art de la scénarisation. Il y a la création pure, l’inspiration et celle guidée par l’expérience. Aujourd’hui, sur un programme comme Enquêtes Paranormales je puise dans mes expériences et je les mets à profit pour le programme. Mes ressources sont dans mes apprentissages en télé-réalité, fiction et journalisme. Ce sont ces 3 ingrédients qui font ici le format. J’ai d’abord une approche journalistique de chaque sujet puis j’ai créé une écriture alliant la narration documentaire et les codes visuels de la fiction et du cinéma.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

J’ai toujours voulu être journaliste. Le point de départ pour moi a été une série américaine : Lou Grant ! Le héros était rédacteur en chef du Los Angeles Tribune. Cela me faisait rêver.

Quelle est ta journée type ?

Il y a quelques temps je trouvais l’énergie de courir le matin avant de venir bosser. Je fais pas mal de sports et je suis marathonien. Maintenant… avec la cadence de la télévision… Je suis un peu moins régulier. En tout cas j’arrive entre 9h30 et 10h00, je fais un point avec les journalistes. Nous sommes une équipe de 5 personnes et je partage mon bureau avec Marc Andrea Bouquin avec qui je travaille. Nous supervisons l’écriture des sujets, le casting et toute la réalisation en post-production de chaque prime. Nous avons plus d’une centaine d’histoires à notre actif aujourd’hui. Les journalistes cherchent les sujets et nous sommes très à cheval sur le fait de bien vérifier nos sources, les documents etc. C’est marrant car il y a 20 ans, on m’avait prédit que je bosserais sur une émission autour du paranormal. Ensuite, la journée est rythmée par la supervision des tournages, montages et les étapes. Je suis comme un showrunner en fait. Je travaille en confiance totale avec Matthieu Delormeau et Guillaume Frisquet. C’est un véritable plaisir.

C’est une sujet qui t’intéresse ?

Oui! C’est passionnant. J’ai d’ailleurs en tête un autre projet qui serait de découvrir de grands lieux de l’Histoire qui ont un lien avec le paranormal ou cachent des secrets liés à cela. J’aime la télé qui peut générer des idées, qui peut rendre les gens plus ouverts sur le monde.

Quel est ton lien avec Atlantis ?

Mon premier boulot chez Atlantis était en 2005 sur la quatrième saison de l’île de la Tentation ! C’était rue du Point du Jour à l’époque. Quel souvenir! Atlantis est lié a tellement de programmes pour moi. J’y ai même fait le lancement de 4 mariages pour une lune de miel . J’aime la réactivité d’Atlantis et les équipes. Des rencontres comme Leo (Léonard Warzocha, directeur technique ndlr) sont géniales.

Tu as des envies professionnelles pour le futur ?

La fiction ! Avec Enquêtes Paranormales, il y a une partie fictionnée qui invite les gens à rentrer dans l’histoire. J’ai la chance de travailler avec Guillaume Marsan Bacheré, chef monteur, pour le programme et il est source d’inspiration talentueuse par sa culture cinématographique. C’est une véritable rencontre artistique sur ce programme.

Tu écris ?

Oui ! J’ai d’ailleurs sorti un livre, auto-édité. C’est un premier roman : Un Argentin Ordinaire . Je suis en train d’écrire le suivant.